Discipline 2 HISTOIRE MODERNE CHAPITRE III

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Chapitre 3 : L'économie en Europe aux XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles

 

 

A compléter par : Guy CABOURDIN et Georges VIARD, Lexique historique de la France d'Ancien Régime, Armand Colin, 1978.

Voir les définitions suivantes : agriculture, céréales, charrue, textile, commerce, industrie, métier.

 

 

INTRODUCTION :

 

  • Une économie avant tout rurale.

On peut dire affirmer cela car l'essentiel du produit économique est alors réalisé dans les campagnes françaises. Cette situation s'explique assez aisément, à l'époque en 80 et 90% des européens sont des paysans.

 

  • Une économie d'ancien régime qui présente deux principales caractéristiques:

* On a affaire à une économie encore très archaïque. Par bien des aspects, l'économie est encore très proche de celle qui prévalait au Moyen Age. Elle se traduit par le fait que les principales productions sont avant tout des productions de subsistance, ou vivrières. La productivité dans l'ensemble est très faible. En outre, les moyens d'échange, de commerce, sont dans l'ensemble très limités.

Une économie présentant des caractères nouveaux a partir du XVI e siècle. On observe une recherche plus systématique du profit. On cherche davantage à faire des bénéfices. On observe un élargissement progressif des marchés pour les fabriquants et les marchants. Progressivement, l'économie monétaire pénètre dans absolument dans tous les secteurs d'activité. C'est le début du capitalisme, même si cela est extrêmement limité

  • Des états européens ayant tendance à intervenir de plus en plus dans le domaine économique ( Colbertisme, mercantilisme. )

Pour le XVIème siècle on se rend compte qu'aucun état européen n'intervient dans le secteur économique. Au XVIIème siècle certains états européens ont une politique économique d'interventionniste, interviennent dans le secteur de la pet dans le secteur du commerce; c'est le cas des provinces unies, et c'est le cas de la France de Louis XIV avec Colbert. C'est pour cette raison que depuis, lorsqu'on veut qualifier une politique dans le secteur économique, on parle de Colbertisme. Au XVIIIème pratiquement tous les états européens ont une politique économique et interviennent dans le secteur de la production et du commerce.

 

 

I -Prédominance de l'Agriculture

 

Cette agriculture est le secteur d'activité qui fait vivre l'essentiel des européens. Cette agriculture présente sous l'ancien Régime trois principales particularités :

 

A ) Une agriculture avant tout céréaliere.

 

Sur ce point il y aurait trois idées importantes à retenir :

  • des paysans européens avant tout occupés à cultiver des céréales ( les « bleds » ) sous l'Ancien Régime. Plus précisément, il s'agit du froment, avec lequel on fabrique le pain blanc, mais aussi l'orge, le seigle, ou encore l'avoine. Ces bleds constituent la base de l'alimentation de la population de l'ancien régime, ils les consomment sous forme de pain, de bouillies, et de galettes. Pour donner une idée de l'importance de la consommation de ces bleds, on estime qu'un européen adulte consommait en moyenne l'équivalent de un kilos de pain par jour, soit environ 4 à 5 baguettes de pain par jour. Ces bleds, par ailleurs, sont des plantes très exigeantes, qui demandent beaucoup de temps pour cultiver, beaucoup de soins mais aussi beaucoup d'espace. Elle est extrêmement accaparante en terme de travail pour les européens.

 

  • Ces bleds occupent la majeure partie des terres cultivées en Europe. Il existe sous l'Ancien Régime deux grands types de paysages agraires, et dans chacun de ses deux types de paysage agraire, il existe deux autres types : les paysages d'Openfield et les paysages de bocage.

     

    * Le paysage d'Openfield, ou de champs ouverts, a deux particularités : c'est un paysage où l'habitat est groupé sous forme de gros bourgs ou gros villages et les parcelles agricoles sont ouvertes c'est à dire qu'il n'y a pas de clôtures. Aucune parcelle n'est séparée les des autres par quoi que ce soit. Ce type de paysage d'agraire est surtout présent en Ile de France, en Europe du Nord, en Hongrie, en Pologne, ou encore en Vieille Castille en Espagne, et la culture archi dominante est celle des bleds.

     

    * Le deuxième type de paysage agraire est les paysages de bocage. Ce paysage de bocage a lui aussi deux particularités. Cette fois ci, l'habitat est plutôt dispersé sous forme de petits hameaux, de petits villages. Les parcelles agricoles sont séparées les unes des autres par un système de haies. On le trouve sur toute la face atlantique du continent européen, c'est à dire en Irlande, dans l'Ouest français, également au Portugal ou encore dans le Nord Ouest de l'Espagne. Il y a aussi prépondérance de la culture des bleds.

 

  • Le résultat de cette situation de prédominance de la culture des bleds, est la faiblesse des autres productions agricoles. La culture des bleds est tellement considérée comme prioritaire que toutes les autres productions agricoles sont considérées comme secondaires. Finalement, l'énorme majorité des paysans européens passent leur temps à cultiver ces céréales.

- expression de Pierre Goubert, spécialiste des campagnes sous l'Ancien Régime, de tyrannie des bleds.

 

  • Malgré tout il existe bien d'autres productions agricoles. Dans les régions méditerranéennes existent à côté de la culture des bleds d'autres productions agricoles : la culture des vignes et des olives. On trouve également un peu d'élevage, de chevaux, de boeufs, de baudets. Ces animaux sont avant tout éduqués pour les travaux agricoles et sont utilisés comme train de labour. On trouve également des moutons dans les régions de montagne, avec notamment le système de la transhumance, où l'on fait pètre des bêtes dans les pâturages de hauteur, dont l'herbe est censée être a plus savoureuse, elle est donc meilleure pour les animaux. On trouve aussi des volailles et du cochon. Malgré tout l'alimentation des européens est dans l'ensemble peu carnée sous l'ancien régime ( avec peu de viande, on ne mange pas de la viande tous les jours. )

 

B ) Une agriculture assez archaïque

 

Elle est archaïque pour plusieurs raisons, notamment car les techniques agricoles utilisées sont dans l'ensemble rudimentaires. Par bien des aspects, on continue de cultiver de la même façon qu'au Moyen Age.

Les labours, sont dans l'ensemble de mauvaise qualité car il existe sous l'ancien régime deux types d'instruments de labour : l'Arair et la Charrue.

La différence entre les deux est la forme de la partie dure en fer, qui s'appelle le soc. Il est symétrique et fend la terre mais ne la retourne pas. C'est ce qui caractérise l'arair.

La charrue a un soc dissymétrique qui fend la terre et la retourne, ce qui est plus efficace. L'instrument le plus utilisé sous l'ancien régime est l'arair, depuis le moyen age, a cause du poids des traditions. Après avoir labouré, il faut semer. Les semailles sont dans l'ensemble de mauvaise qualité. On sème à la volée, en lançant le grain. En terme d'efficacité agricole, ce n'est pas bien, car cela a pour conséquence un ensemencement qui est trop irrégulier. Soit les grains sont semés de manière trop rapprochée, soit ils sont trop peu semés, les écarts de distance entre les graines sont trop larges.

On remarque une grande insuffisance des engrais. Les seuls existants étaient les fumure animales. Les paysans étaient en manque d'engrais pour la culture des céréales. Le résultat de ce manque d'engrais est un épuisement progressif de la richesse des sols.

Quand aux instruments qui sont utilisés, les outils utilisés sont très peu modernes, pas toujours très efficaces. Tout d'abord, pour les moissons, l'outil le plus utilisé est la faucille. En terme de rentabilité, pour couper les blés, nécessite une main d'oeuvre phénoménale. Elle est plus utilisée que la faux qui permettrait pourtant d'aller plus vite. Un deuxième exemple est que pour le battage des bleds, c'est à dire qu'une fois coupés il faut sortir les grains de bleds de leurs épis, on utilise un instrument appelé le fléau. Le problème de ces fléau est qu'ils occasionnent un grand gaspillage des grains. Effectivement, en utilisant ce genre d'instruments, une partie des grains reste malgré tout dans les épis.

 

  • On a des systèmes de cultures qui sont assez figés. Il existe en fait sous l'Ancien Régime deux systèmes de culture : l'assolement triennal et l'assolement biennal.

    * l'assolement triennal : C'est une organisation au niveau du terroir du territoire d'une communauté villageoise. Le terroir représente l'ensemble des champs dans lesquels travaillent les paysans d'un village. Il est divisé en trois soles. Repose sur 4 principes : division du territoire en 3 soles, l'un de ses 3 soles est consacré à la jachère ( on ne cultive rien, on laisse reposer les sols pour qu'ils puissent se reconstituer, c'est obligatoire en raison de l'insuffisance des fumures, seul engrais de l'époque. ) il y a rotation des cultures sur chacun de ces trois sols, elle se réalise chaque année. Deux cultures : bleds d'hiver, semé en novembre et bleds de printemps semés en mai. 4Eme principe : ce système de culture entraine des contraintes communautaires. Sur chaque sol les exploitants doivent pratiquer la même culture. En l'occurrence, il n'y a pas de liberté. Et par ailleurs, ils doivent se mettre d'accord sur la date des des travaux agricoles ( labours, semailles, moissons ) Pour que cela fonctionne il faut que chaque exploitant ait une parcelle sur chacun de ces trois soles, car sinon pendant une année il n'aura pas de travail en raison des jachères. La conséquence de cela est que les parcelles sont toutes petites, elles sont réduites pour être divisées.

    * l'assolement biennal : même système, sauf que la rotation ne se fait que sur deux ans.

 

présentent pas mal de défauts, le premier est qu'une partie importante des terres n'est pas cultivée dans le cas de l'assolement c'est 1/3 des terres et dans le cas de l'assolement biennal c'est la moitié des terres qui ne sont pas cultivées. Ce système de culture interdit presque toute innovation agricole.

  • Voyons le cas de la patate, la culture de la pomme de terre en plus de celles des céréales. Pour l'adopter il faut 'accord de tous les paysans. A l'époque c'est impossible vu le type de culture donnant 'exclusivité au bled. Et( c'est pour cela que a pomme de terre be peut pas se développer avant le XVIIIème siècle.

  • Des agricultures ayant connu peu d'innovations.

  • Il y a malgré tout une exception en Europe. Il y a une région d'Europe qui a connu de nombreux progrès dans le domaine agricole et ce pays ce sont les provinces unies. Dés le XVIème siècle, dans ce petit pays tout neuf, se produit une véritable révolution agricole qui se traduit par deux nouveautés. On essaye de faire disparaître quasiment tous les espaces en jachère et pour cela on va cultiver des plantes légumineuses qui reconstituent le sol, comme par exemple le trèfle. L'idée est de gagner en rendement. De plus, on développe l'élevage des animaux et on pratique même la sélection des animaux, on fera reproduire les vaches qui paraissent les plus grasses et les plus productives avec les taureaux en meilleure santé. Le résultat aux provinces unies est que très vite, dés la fin du XVI, la production agricole aux provinces unies devient excédentaire, et de cet excédent ils vont faire des ventes à l'étranger, se mettent à exporter dés la fin du XVIème siècle, tout d'abord les produits laitiers ( beurre et fromages de Hollande ) et l'exportation florale, avec la tulipe. La situation dans les autres pays européens est très retardée par rapport au progrès affiché par cette nouvelle stratégie agricole des provinces unies. Malgré tout, la situation des provinces unies fait figure d'exception en Europe.

 

 

 

 

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    • L'agriculture générale en Europe, exclusivement composée de bleds, est fragile, pour 3 raisons :

  •  

    * a cause de la faiblesse des rendements. Les bleds sont très contraignants, et ne rapportent que peu. En Russie pour un grain semé on en récoltait en moyenne 3. En Espagne, pour un grain semé on en récoltait en moyenne entre 3 et 4. En France, pour un grain semé on en récoltait entre 4 et 5. EN Angleterre, pour un grain semé 6 récolté. En provinces unies, pour 1 grain semé 15 récoltés. La situation des autres pays est donc médiocre en terme de rendement.

     

    * cette agriculture assure tout juste l'autosuffisance alimentaire. Les rendements sont faibles, mais le problème est qu'en fait avec la culture des bleds les paysans ne peuvent garder qu'une partie des bleds, car elles subissent trois types de prélèvements sous l'ancien Régime.

     

    _ d'abord les prélèvements fiscaux : il s'agit tout d'abord du prélèvement de la dîme, prélèvement de l'Eglise fait en nature. En général elle est de l'ordre de 10% de la récolte, récoltée par le curé.

    _ Ensuite, il y a le prélèvement du seigneur. Pratiquement tous les paysans sont sous l'autorité du seigneur qui leur fait payer des droits de terrage ou de champarts. Il va prendre entre 1/20 et 1/10. Cela varie d'un village à l'autre.

    _ Les prélèvements royaux, comme la taille. Il n'est généralement pas en nature mais en argent. Mais à l'époque seule source de revenu est les bled, qui doivent être revendus pour payer la taille, d'une somme équivalente entre 5 et 10% de la récolte totale.

     

    _ puis un deuxième type de prélèvement, le paiement de la location de la terre. Sous l'ancien régime, seule une minorité de paysans est propriétaires de leurs terres. Elles peuvent appartenir au seigneur, au roi, à l'église... Ils se voient donc obligés de payés la location des terres. IL y a deux systèmes de location des terres : le fermage et le métayage.

    ∆ Le système du fermage est un mode de location d'une terre, dont le loyer se paie sous la forme d'un prélèvement fixe. Il peut être payé soit en argent, soit en nature.

    ∆ Le système du métayage est un mode de location d'une terre. Le loyer est payé d'une manière différente que le premier systeme :il y a un partage de la récolte entre le propriétaire et le locataire. Il se réalise de telle manière que la moitié de la récolte revient au propriétaire du terrain et l'autre moitié revient au locataire. C'est un partage à mi-fruit.

     

    _ un 3eme prélèvement : les semailles de l'année suivante.

 

 

Le résultat est que dans un tel système, il ne reste pas grand chose pour les familles paysannes. La récolte permet tout juste, en année ordinaire, de nourrir sa famille. Lors de mauvaises récoltes, la situation de la famille est alors catastrophique.

 

* Une troisième raison : Une agriculture a du mal à faire face aux conjonctures difficiles qui sont les guerres, car lorsqu'elles ont lieu le passage des gens de guerre est aussi traduit par un prélèvement non officiel mais conséquent dans les faits; les crises démographiques et il faut avoir à l'esprit qu'au XVIIème il y a une longue période de refroidissement général du climat, appelée « le petit âge glaciaire ». Les températures moyennes baissent de 1 à 2 degrés dans toute l'Europe. Il est relatif, mais entraîne une plus grande fréquence des hivers froids et des étés pourris ce qui entraînent que les mauvaises récoltes sont courantes sous l'Ancien Régime.

 

 

II – Un secteur manufacturier second.

 

Il est délicat de parler d'industrie à l'époque moderne : on préférera parler de secteur manufacturier même si ce secteur manufacturier est moins important que le secteur agricole, il n'en reste pas moins important dans l'économie d'Ancien Régime.

 

 

 

A ) Les cadres de la production.

 

La production manufacturière d'Ancien Régime se réalise dans des cadres bien spécifiques :

 

  • 1er type de cadre : les cadres structurels.

Les structures de la production présentent trois principales caractéristiques :

  • La production a un caractère très artisanal.

    L'outillage et les techniques utilisés sont très archaïques, et sont pratiquement les mêmes qu'au Moyen Age.

    Il n'y a pratiquement pas de recherches techniques ou technologiques.

    L'énergie utilisée demeure avant tout l'énergie humaine, même si on exploite également, dans certains cas, l'énergie hydraulique, animale ou éolienne.

  • La dispersion de la production

La plupart du temps, la production est dispersée dans une multitude de petits ateliers ( cette dispersion s'observe aussi bien en ville qu'à la campagne )

exemple: la production de Soie dans la région tourangelle se réalise dans pas moins de 800 ateliers au XVIème siècle, qui se trouvent aussi bien dans la ville de Tours que dans les campagnes environnantes.

  • Les grandes unités de production sont très rares, voire exceptionnelles.

    On en rencontre cependant :

    _ les mines d'alun (minerai utilisé pour teindre les étoffes à l'époque moderne) à Tolfa ( en Italie, dans les Etats de l'Eglise ) regroupent prés de 800 ouvriers à la fin du XVIème siècle.

    _ l'arsenal de Venise ( fabrication de navires et d'armes ) regroupe plusieurs milliers d'ouvriers aux XVIème et XVIIème siècles.

 

  • 2ème type de cadre : les cadres économiques

Sur l'organisation du travail et de la production, deux idées importantes à retenir :

 

  • 1ère idée : La très grande importance des « ouvriers » ruraux.

Bien évidemment, on trouve des ouvriers dans les villes.

Cependant les « ouvriers » ruraux sont les plus nombreux : les campagnes représentent, en effet, une main d'oeuvre surabondante, peu onéreuse ( on paie moins les ouvriers des campagnes que les ouvriers des villes ), et surtout plus docile qu'en milieu urbain.

Ces « ouvriers » ruraux sont surtout nombreux dans le secteur textile.

Dans un très grand nombre de cas, ces « ouvriers » ruraux sont également paysans ( double onction pour pouvoir mieux s'en sortir ).

 

  • 2ème idée : la plupart du temps, on remarque la domination d'un marchand sur ces ouvriers

Dans l'énorme majorité des cas, c'est un marchand (installé en ville) qui fait travailler ces employés ruraux. Il leur fournit la matière première, les rémunère, récupère le produit finit et le commercialise. Ce système de production, très répandu, s'appelle le « domestic system ».

Exemple: Au XVIIIème siècle , dans la région de Sedan (Ardennes), pas moins de 15 000 « ouvriers-paysans » travaillent pour 25 négociants de ville de Sedan.

 

-3ème type de cadre : Les cadres juridiques

Dans ce secteur de production, on observe trois types de situations juridiques différentes :

1ère situation: dans les campagnes

Les différents ateliers de production (la plupart du temps dans le secteur textile ) n'ont aucun statut juridique.

Ces petits ateliers de production sont, en fait, totalement soumis à des marchands (dans le cadre du « domestic system »)

2ème situation: dans les villes

Les artisans urbains ont regroupés dans des associations professionnelles, appelées métiers ou corporations.

Exemple: il existe à Poitiers aux XVIIème et XVIIIème siècles, des corporations de cordonniers, boulangers, maçons, sabotiers, bouchers,...

Ces métiers ou corporations ont des statuts très stricts ces statuts réglementent la production, les conditions d'accès au métier, la vente des produits. Ces statuts sont basés sur la tradition (souvent, ces statuts ont été rédigés au Moyen age) : ils empêchent assez souvent toute innovation technologique.

 

3ème situation : les manufactures d'Etat

Il s'agit d'entreprises appartenant à l'Etat, et ayant obtenu le privilège de fabrication d'un produit, voire le monopole de fabrication d'un produit.

Exemple : la manufacture des Gobelins ( fabrication de tapisseries ) créée par Colbert en 1667. On a là des situations intéressantes d'intervention directe de l'Etat dans le secteur économique.

 

 

 

B ) Les principaux secteurs de production

A l'époque moderne, il existe 3 secteur principaux de production:

 

1er secteur : le textile

Le textile est le secteur de production le plus important, aussi bien en quantité qu'en valeur. C'est également le secteur qui emploie le plus d'ouvriers.
Les grands centres de production textiles sont situés surtout en Europe Occidentale. Dans le secteur textile, on recense surtout quatre productions principales :

 

1ere production : la production lainière

Il s'agit de la production la plus ancienne, la plus importante, mais aussi la plus archaïque : on fabrique les draps de laine de la même façon qu'au Moyen Age.

Les grandes régions productrices de draps de laine sont : le Sud de l'Espagne, le Massif Central français, le Yorkshire en Angleterre.

2ème production : les toiles de lin

Il s'agit de productions moins coûteuses, mais aussi de moins bonne qualité. On fabrique ces toiles de lin un peu partout en Europe, notamment dans l'Ouest de la France ( comme en Poitou )

3ème production : les produits cotonniers ( ou « cotonnades » )

Ces productions apparaissent surtout à partir de la fin du XVIIème siècle, grâce à l'apport d'une nouvelle matière première, le coton, venu d'Inde.

Les deux principaux producteurs cotonniers en Europe sont la France ( région normande ) et l'Angleterre ( région du Lancashire ).

4ème production : la soie

La soie est un produit de luxe, réservé à l'élite sociale.

A la fin du Moyen Age, la soie plus septentrionale : développement de la production de soie en France dans les régions de Lyon et de Tours.

 

 

 

 

 

2ème secteur : les mines et la métallurgie

Ces deux activités sont très liées .

Le secteur minier :

Les activités extractives existent dans toute l'Europe à l'époque moderne. Les deux plus importantes activités extractives sont alors :

  • les mines de houille : elles sont importantes dans la région de Liège (Pays-Bas), en Angleterre ( Pays de Galles ou Yorkshire )

  • les mines de fer : elles sont importantes en Allemagne du Sud ou au pays basque.

 

Le secteur métallurgique :

Les activités métallurgiques sont présentes dans toutes les régions d'Europe. Dans ce secteur d'activité, c'est la dispersion des unités de production qui domine, avec notamment l'existence d'une multitude de petites forges rurales.

Exemple : Au XVIIIème siècle, grand nombre de petites forges rurales dans le Nord Périgord, qui est alors l'un des grandes régions métallurgiques.

Toutefois, ce secteur connaît une innovation importante à partir du XVIème siècle, avec l'apparition du haut fourneau. Cette technique est d'abord mise au point dans les pays allemands, avant de se diffuser très lentement dans les autres régions européennes.

 

 

3ème secteur : le bâtiment

La construction est une activité économique « routinière » à l'époque moderne, importante aussi bien en ville que dans les campagnes :

  • à la campagne : constructions de fermes, de maisons d'habitation, de franges.

  • En ville : constructions d'hôtels particuliers, de ponts, de bâtiments publics... Toutefois à côté de ces constructions traditionnelles, il existe de gros chantiers. Il convient de mentionner l'existence de deux grands chantiers que nous allons présenter maintenant.

 

 

1Er chantier : Les réalisations architecturales de la Renaissance ( voir CARTE : Principales réalisations architecturales de la Renaissance en France )

Dans la première moitié du XVIème siècle, constructions de nombreux châteaux, d'hôtels particuliers, d'églises.

Les deux principales régions de construction sont la vallée de la Loire ( Chambord, Chenonceaux, Blois, Amboise... ) et l'Ile de France (Fontainebleau, Chantilly, Paris,... )

 

 

 

2ème chantier : es constructions « à la française » dans l'Europe de la fin du XVIIème et du XVIIIème siècle ( voir CARTE : Influence du chantier français )

Construit entre les années 1660 et le début des années 1680, le château de Versailles est considéré comme un modèle architectural dans de nombreux pays européens.

C'est pourquoi dans les pays allemands, mais aussi en Europe du Nord et jusqu'en Russie, de nombreux princes et monarques font construire des édifices directement inspirés du château de Versailles au cours du XVIIIème siècle.

Parmi ces édifices, on se doit de citer les châteaux de Potsdam (dans le Brandebourg, prés de Berlin) et de Schönbrunn (en Autriche, prés de Vienne).

 

 

C ) Une « industrie » fragile

 

Comme l'agriculture, ce secteur de production est fragile pour trois raisons principales:

 

  • 1ère raison : à cause de la faiblesse des rendements et de la productivité

    Les rendements et la productivité sont faibles, à cause du caractère artisanal de la production. Surtout, les innovations techniques sont rares, et la source d'énergie la plus utilisée est la force humaine.

    La conséquence : le niveau de production globale d'un produit n'augmente jamais beaucoup, même lorsque la demande est forte. La production globale atteint assez vite un niveau « plafond » qu'il lui est très difficile de dépasser.

     

  • 2ème raison : le secteur de production est très lié au secteur agricole

    On l'a vu précédemment, les européens sont avant des paysans ( à au moins 75% ), occupés à l'agriculture. Et ils ont assez de difficultés à s'en sortir. Or, ces paysans européens n'achètent des produits fabriqués ( textile, en particulier ) que lorsque leur « pouvoir d'achat » le leur permet. Plusieurs cas de figure existent alors :

    - si la récolte a été bonne, ces paysans peuvent d'acheter des produits fabriqués

    - si la récolte a été très moyenne, ils n'en achètent presque plus, et le secteur « industriel » est alors en difficulté.

    - si la récolte a été mauvaise, les paysans n'achètent plus rien.

Par conséquent, on peut dire que toute crise agricole entraîne inévitablement une crise « industrielle » à l'époque moderne.

 

  • 3ème raison : le secteur de production est très dépendant du secteur commercial

Or, on va le voir dans le III, ce secteur commercial n'est pas forcèment très performant.

 

 

 

 

III – Une activité commerciale qui s'affirme

 

A ) Les conditions du commerce

 

Les conditions d'exercice du commerce présentent trois grandes particularités à l'époque moderne :

1ère particularité : les moyens de transports sont, dans l'ensemble, médiocres

Les routes terrestres sont de très mauvaises qualités : peu ou pas entretenues, pas toujours pavées, parfois absence de ponts pour traverser les cours d'eau...

Le moyen de transport le plus utilisé est le mulet, ou le cheval pour la noblesse. Le résultat est la grande lenteur des moyens de transport. En moyenne, le transport des personnes se fait à une vitesse de 50km par jour, tandis que le transport des marchandises se fait de 30 à 40 km par jour.

En plus, ces routes ne sont pas toujours très sûres : importance du brigandage (notamment en Europe centrale et orientale)

C'est pourquoi on utilise, au maximum, les voies d'eau : ce sont, en l'occurrence, les barques sur les fleuves, les galions (navires espagnols), les flûtes (navires hollandais de cabotage) sur mer.

Le transport sur mer et sur rivière permet de transporter de plus grandes quantités de marchandises.

 

2Ème particularité : Les techniques commerciales apparaissent, dans l'ensemble, assez rudimentaires.

Le système monétaire en Europe est, tout d'abord, très complexe :

  • une multitude de monnaies différentes circule ainsi dans tous les pays européens ( par exemple, au début du XVIIème siècle, circule en France prés de 200 types de monnaies différentes, qui peuvent être anglaises, françaises, allemandes, italiennes, flamandes ou espagnoles. ) Conséquence : on a souvent du mal à s'y retrouver.

  • On distingue les monnaies réelles (pièces de monnaie réelles ) des monnaies de compte ( unité monétaire donnant la valeur de la monnaie )

    exemple : en France, au début du XVIIème siècle, l'écu (monnaie réelle en argent) vaut 3 livres tournois (monnaie de compte). A la même époque, i, sous (monnaie réelle en billon) vaut un vingtième de livre tournois (monnaie de compte).

     

    Par ailleurs, les techniques d'achats et de ventes demeurent, dans l'ensemble, assez archaïques :

    - on pratique encore très largement le troc

    - on régle encore très souvent ses achats par d'encombrantes espèces monétaires

Cependant, pour le commerce international, et dans les grandes places commerciales, on utilise la lettre de change. Cette technique d'achat évite le transport d'espèces monétaires, et permet surtout de régler des transactions dans un autre pays et dans une autre monnaie.

 

3Ème particularité : Les gouvernements ont tendance à intervenir dans le secteur commercial

Plusieurs gouvernements européens prennent des mesures pour stimuler et développer leur commerce.

Pour cela, plusieurs états créent des compagnies de commerce : ces compagnies de commerces détiennent généralement le monopole du commerce avec les colonies du pays.

Exemples: 1600 création de la compagnie des Indes Occidentales en Angleterre (commerce entre l'Angleterre et l'Amérique du Nord)

1602 création de la Compagnie des Indes Orientales aux Provinces Unies (aussi appelée VOC) (commerce entre les provinces unies et ses colonies d'Asie du Sud-Est)

1664 création de la compagnie des Indes Occidentales par Colbert en France (commerce entre l'Amérique du Nord, les Antilles et la France)

 

 

 

 

 

B ) Les grands cercles d'échange

 

De manière schématique, on peut dire que, partout en Europe, 4 cercles d'échanges coexistent et s'emboîtent à l'époque moderne.

 

1er cercle : la communauté villageoise et les paroisses environnantes.

Ce cercle d'échange se réalise dans un rayon de 5 à 10km.

C'est néanmoins à ce niveau que s'effectue l'essentiel des échanges commerciaux : cela peut représenter plus des trois quarts de l'ensemble des échanges.

On a donc affaire à une économie qui est, en grande partie, autarcique sous l'Ancien Régime.

 

2ème cercle : la région

Ce cercle d'échange se réalise dans le cadres de foires locales et régionales/

Par exemple, dans le Centre-Ouest français, importance des foires de Niort et de Fontenay-le-Comte.

Ce cercle d'échange absorbe entre 10 et 20% des échanges commerciaux.

 

3ème cercle : le pays

Les Etats constitués sont des zones d'échanges privilégiés.

Par exemple, importance de Paris et de Lyon pour la France, de Londres pour l'Angleterre, ou encore de Genève pour les cantons suisses.

 

 

4ème cercle : le cercle international

A partir du XVIème siècle, le commerce international change de nature :

  • le commerce devient mondial : cela s'explique par la constitution des Empires coloniaux portugais, espagnols, puis anglais, français, et hollandais.

  • Le commerce atlantique prend progressivement représente seulement 1% de l'ensemble des échanges commerciaux.

 

 

C ) Évolution des grands centres commerciaux internationaux

 

Selon l'historien Fernand Braudel, ( Civilisation matériel, économie et capitalisme XV ème-XVIIIème siècle, Paris, 1979), le commerce international aurait connu plusieurs centres successifs :

 

1er centre : Venise

Jusqu'au début du XV ème siècle, Venise domine le commerce méditerranéen. Venise est le débouché traditionnel des produits venus d'Orien : soie, épices. La prospérité de Venise décline avec les Grandes Découvertes et la constitution des Empires portugais et espagnols.

 

2Ème centre : Anvers

Anvers, port des Pays-Bas espagnols, est situé au coeur de l'Empire de Charles Quint. Il reçoit les produits coloniaux des Empires espagnols et portugais venus de Séville et de Lisbonne, et les redistribue dans toute l'Europe. La ville d'Anvers perd sa primauté dans les années 1560-1570, lorsqu'une partie des Pays-Bas espagnol se soulève.

 

3Ème centre : Amsterdam

Amsterdam, capitale des Provinces Unies, devient le centre du commerce international à partir des années 1620, et le demeure jusqu'à la fin du XVIIème siècle.

Les hollandais possédent alors une flotte marchande gigantesque (sans doute la moitié de la flotte marchande européenne), et contrôlent l'essentiel du commerce intérieur de plusieurs Etats.

De plus, au XVIIème siècle, les Provinces-Unies, devient le centre du commerce international à partir des années 1620, et le demeure jusqu'à la fin du XVIIème siècle.

Les Hollandais possèdent alors une flotte marchande gigantesque (sans doute la moitié de la flotte marchande européenne), et contrôlent l'essentiel du commerce intérieur de plusieurs Etats.

De plus, au XVIIème siècle, les Provinces Unies, sont à la têt d'un Empire colonial important en Asie du Sud-Est.

 

4Ème centre : Londres

Aux XVIIIème siècle, Londres apparaît comme le principal centre commercial européen et même mondial (l'Empire colonial anglais est le plus important du moment).

Néanmoins, la primauté londonienne est concurrencée par plusieurs ports français : Bordeaux et Nantes.

 

CONCLUSION :

Trois idées à retenir en conclusion :

  • on a encore affaire à une économie très traditionnelle à l'époque moderne. C'est le cas dans tous les secteurs d'activités : agriculture, « industrie » et commerce.

  • Il existe une différence de développement économique en Europe : l'Europe de l'Ouest apparaît nettement plus développée que l'Europe de l'Est.

  • L'économie moderne connaît à l'époque moderne, des périodes de croissance et des périodes de difficultés :

    * de 1500 aux années 1560/1580, période de croissance économique

    * de 1580 aux années 1720, période de croissance plus soutenue.

 

 

SUJETS POSSIBLES A L'ORAL :

 

  • les caractéristiques de l'agriculture européennes

  • les caractéristiques du secteur manufacturier

  • les caractéristiques de l'activité commerciales

     

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