Discipline 2 HISTOIRE MODERNE CHAPITRE II

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C2: POPULATION ET DEMOGRAPHIE EN EUROPE AUX XVI ème ET XVIII ème SIECLES

 

Dossier documentaire n°2.

 

 

A compléter par la lecture du livre de Guy Cabourdin et de Georges Viard, Lexique historique de la France d'ancien Régime. Armand Colin, 1978.

Voir les définitions suivantes : crise démographique ; crise de subsistances; fécondité ; natalité ; mariage; mortalité.

 

 

 

 

INTRODUCTION. En trois points.

 

- définir l'expression démographie historique.

-> étude des populations des siècles passés, de leur évolution, de leur composition et de leur structure. Il s'agit d'une discipline relativement récente puisque les historiens ne se sont réellement intéressés à la démographie historique que depuis une cinquantaine d'années.

 

On connaît la démographie d'ancien Régime grâce à l'utilisation de plusieurs sources, plusieurs documents :

 

* On possède quelques dénombrements de populations, rien à voir avec ce qu'on appelle aujourd'hui le recensement, car ils ne concernent qu'une province ou une partie d'un pays et ces dénombrements de populations ne nous donnent que le nombre de feux (= foyers ou familles) d'une population. On est obligés de faire une estimation pour avoir une idée de la population totale, et pour cela on multiplie le nombre de foyers par quatre ou cinq personnes.

* Les documents fiscaux. Les rôles des tailles, ce sont des registres où sont enregistrés les impôts, la taille étant l'impôt royal direct sous l'ancien régime. Sont répertoriés dedans la liste des foyers qui payaient la taille. -> n'y figurent pas les privilégiés, qui ne payent pas d'impôts ( membres du clergé et de la noblesse ), et ne donne que le nombre de feux, donc il faut encore faire une estimation.

* Les registres de paroisses, registres paroissiaux, sont des registres où le curé de paroisse enregistrait les baptêmes, les mariages et les sépultures. Ils existent depuis le XVI ème siècle. Les registres paroissiaux sont les ancêtres du code civil. ( registres paroissiaux de la Vienne disponibles sur internet, données relatant la situation démographique à partir du XVIII ème siècle )

 

Grâce a ces trois types de documents, en faisant des estimations on arrive à peu prés à connaître avec un assez bon degrés de précision la démographie de l'ancien régime.

 

 

La démographie est intéressante a connaître car elle est souvent révélatrice de la bonne ou de la mauvaise « santé » d'un pays.

 

Exemples:

* L'Espagne au XVI ème siècle est une très grande puissance, époque de Charles Quint et de Philippe II. A ce moment là, la population espagnole augmente au XVI ème siècle. Toujours pour l'Espagne au XVII ème siècle, l'Espagne commence à éprouver des difficultés politiques. La population au XVII ème siècle stagne et voir même a tendance à baisser. Il y a donc un lien entre démographie et réussite économique et politique.

*L'Angleterre, au XVII ème siècle est un pays secondaire, de deuxième ordre en Europe. La démographie au XVII de la population anglaise stagne, ne connaît pas d'augmentation significative. Au siècle suivant la population de l'Angleterre augmente de manière spectaculaire, et le pays devient une très grande puissance politique, ayant une grande force maritime grâce aux colonies.

 

 

 

I – Présentation générale de la Population Européenne

 

 

A ) Une Population Européenne importante

 

document étudié page2

Ce planisphère correspondrait à l'année 1648 (environ), date des traités de westphalie. Cette carte nous propose des estimations car rappelons le, à l'époque il n'y a pas de recensement de la population sur la France et encore moins sur l'ensemble de la planète.

A ce moment là, vers 1648, la population mondiale est estimée à 525 millions d'habitants. ( ce qui est dix fois moins qu'aujourd'hui ).

 

On peut tirer trois idées de l'étude de ce planisphère:

 

  • La population mondiale est très inégalement répartie, en particulier sur certains continents, certaines régions du monde apparaissant comme particulièrement vides, dépeuplées, comme les Amériques qui ont une population visiblement inférieure à 10 millions d'habitants, l'Asie, plus particulièrement toute l'Asie Centrale et la région sibérienne et l'Océanie.

  • Il apparaît que trois grands foyers de population se démarquent dans le monde. Tout d'abord l'ensemble Chine/japon en Extrême-Orient qui représente environ 190 millions d'habitants. Ensuite la péninsule indienne avec 130 millions d'habitants et enfin l'Europe avec 100 millions d'habitants. Après un rapide calcul, nous pouvons affirmer que ces trois foyers de population représentent à eux seuls plus de ¾ de la population mondiale.

  • L'importance de la population européenne ( 100 millions d'habitants ) qui représente environ 20% de la population mondiale.

 

 

B) Une population européenne inégalement répartie

 

page 1 carte La population européenne à la fin du XVIII ème siècle.

 

Les principales villes européennes comptabilisent plus de 500 000 habitants. C'est Paris et Londres ainsi qu'Istanbul. A un degré moindre il y a des villes totalisant plus de 200 000 habitants comme Naples et quelques villes de plus de 100 000 habitants comme Amsterdam, Venise, Rome, Madrid et Lisbonne.

La densité de population est le nombre habitant par km2. On distingue très schématiquement trois types de secteurs ou zones en Europe concernant les populations.

 

  • Le premier type de territoire, très peuplé pour l'époque ce serait les territoires dont les densités de population sont supérieures à 40 habitants par km2. Ils sont présents dans quelques blocs comme l'Angleterre, l'Irlande, le Nord de la France, le nord de l'Italie, l'ensemble pays bas/provinces unies mais également l'ouest du Saint Empire Romain Germanique. C'est surtout l'Europe Occidentale.

  • Deuxième type de territoire, les territoire moyennement peuplés, dont les densités de population se situent entre 20 et 40 habitants par km2. Ils se situent dans la partie sud de la France, la partie sud de l'Italie, la plus grande partie du Saint Empire Romain Germanique, et surtout dans la partie orientale et la région de Moscou.

  • Troisième type de territoire: territoires dont les densités sont inférieures à 20 habitants par km2, soit le reste de la planète, c'est à dire la Scandinavie, toute l'Europe du sud , les Balkans, et la plus grande partie de la péninsule ibérique.

 

 

C ) Une population européenne croissante.

 

Concernant l'évolution de la pop européenne sur les trois siècles, on peut faire deux constats :

 

  • Sur les trois siècles, la population a incontestablement augmenté; tout d'abord vers 1500 la population européenne est d'environ 75 millions d'habitants. Vers 1650, la population européenne est d'environ 100 millions d'habitants, et en 1789 la population européenne est d'environ 200 millions d'habitants.

  • Cette croissance démographique incontestable n'a pas été linéaire, régulière.

     

Graphique page 4, 'espace le nombre des hommes.

Série de courbes qui représentent l'estimation d'un certain nombre de région entre 1520 et 1800. Aux Amériques il y a une chute de la population due aux maladies apportées par les européens, le génocide microbiens qui a décimé la population aborigène pas habituée aux virus/microbes européens.

 

On peut distinguer trois phases :

 

* le XVI ème siècle, où se révèle une tendance à la hausse pas extraordinaire mais une hausse quand même. La population des principaux pays européens a tendance à augmenter.

* le XVII ème siècle, où l'on a des évolutions contrastées. Certains pays voient leur population stagner comme la France. La population du Saint-Empire romain germanique connaît une baisse assez spectaculaire dans la seconde moitié du XVII ème, due à la guerre de 30 ans qui a décimé la population germanique qui passe 10 millions d'habitants à 7 millions d'habitants. Il y a donc eu 3 millions de morts, ce qui est vraiment beaucoup. Certains pays voient leur population augmenter comme les provinces unies, la Suède.

* Le XVIII ème siècle, où se révèle une tendance à la hausse dans quasiment tous les pays européens. Cette hausse est beaucoup plus nette et marquée que celle du XVI ème siècle, notamment pour la Russie, l'Espagne et les Pays Bas.

 

 

 

 

II – Le système démographique européen.

 

 

A ) Le mariage sous l'ancien Régime

Sous l'ancien régime, le mariage est quasi général. Tout le monde ou presque se marie. C'est mal vu de ne pas être marié sauf pour des catégories très précises de la population qui sont les membres du clergé et les religieuses. Celles-ci ne faisaient pas partie du clergé mais du tiers état. Le taux de célibat de l'époque est inférieur à 5% de la population en âge de se marier, c'est donc très bas.

Les remariages sont très nombreux. Lorsque l'un des deux époux se retrouve veuf, il cherche à se remarier le plus rapidement possible, souvent pour des raisons économiques. On essaie à tout prix de ne pas rester seul trop longtemps.

L'âge au premier mariage est relativement élevè. En moyenne les filles se marient à 25, 26 ans et les garçons à 26, 27 ans. Cet âge élevé au premier mariage peut être considéré comme le moyen contraceptif de l'époque, cela évite d'avoir trop d'enfants.

 

 

B ) Une forte natalité

 

Sur la natalité, il y a des données plus techniques.

 

* Première idée: l'essentiel des naissances ont lieu dans le cadre du mariage. Les naissances hors mariage représentent moins de 1% de l'ensemble des naissances. Elles sont reconnues à l'époque par l'Eglise comme illégitimes, c'est le terme qu'emploie le clergé pour les définir. Si elles sont si peu nombreuses c'est expliqué par le poids des églises sur les sociétés européennes. Les églises catholiques ou protestantes ont su imposer un modèle de sexualité qui est que les relations sexuelle ne peuvent se faire que si on est marié. ( Aujourd'hui 53,54% des naissances se font hors mariages. )

 

* Le taux de fécondité est élevé. Le taux de natalité est le nombre moyen d'enfant par femme. En moyenne à l'époque il y avait environ 6, 7 naissances par femme. ( donc environ un enfant tous les deux ans. ) Ce taux de fécondité élevé s'explique par le fait qu'il n'existe pas à l'époque de moyen vraiment efficace de contraception.

 

*Le taux de natalité est très élevé. Le taux de natalité est le nombre moyen de naissances sur une année pour une population de 1000 habitants. En Europe sous l'ancien régime, il est légèrement supérieur à 40/1000.

 

 

c ) Une forte mortalité

 

Sous l'ancien régime, elle est importante à deux niveaux.

 

* D'abord au niveau des adultes. Au sein d'une même famille, il est assez rare que les deux époux arrivent ensemble à l'age de 40ans. L'espérance de vie à la naissance est de 27 ans. Le taux de mortalité est le nombre moyen de morts par an pour une population de 1000 habitants. Ce taux de mortalité se situe un peu en dessous de 40/1000.

* Ensuite au niveau des enfants. Effectivement, la mortalité des enfants est effrayante à l'époque moderne. Sur 4 enfants qui naissent, en moyenne 1 meurt au cours de sa première année et 1 autre meurt entre 1 an et 10 ans. Il y a un cap difficile des dix premières années. Mais il y a cependant une population vieille, il y a juste beaucoup de morts survenant dans les dix premières années de la vie d'un individu, ce qui a pour conséquence à cause des statistiques la courte espérance de vie.

 

Le résultat aussi de la mortalité infantile est que les familles ne sont pas si nombreuses que cela. Bien évidemment il faut s'interroger sur les raisons d'une telle mortalité. Il y a trois raisons principales :

 

  • Le problème de l'accouchement. Sous l'ancien régime, tout problème d'accouchement entraîne presque inévitablement la mort de la mère mais aussi celle de l'enfant. Ce n'est que dans la seconde moitié du XVIII ème que l'on note de légers progrès, car sont créées des écoles de sages femme.

  • L'absence d'hygiène et les insuffisances de l'encadrement médical. Il y a bien des hôpitaux, les hôtel dieu, mais il n'y a aucune hygiène. Tout infection contractée sous l'ancien régime entraîne ainsi la mort. L'encadrement médical est lui aussi très défaillant. A l'époque, les gens qui soignent sont des chirurgiens qui réalisent des saignées car ils pensent que le mal est dans le sang et qu'il faut évacuer ce mal, d'où la nécessité de faire des saignées.

  • La fréquence des crises démographiques.

 

 

III – La fréquence des crises démographiques.

 

 

A ) Définition.

 

Graphique page 4. tiré d'un ouvrage de François Lebrun, Les Hommes et la mort en Anjou.

 

François Lebrun utilise les registres paroissiaux comme recueil de données pour construire son graphique. Ce graphique concerne une paroisse, celle de Beau fort qui est en Anjou. Pour construire cette série de courbe, en abscisse on trouve les années 1660, 1661, 1662, 1663 et 1664 qui proposent des graduations montrant les trimestres. En ordonnée, l'échelle est logarithmique car sinon nous n'aurions pas pu représenter toutes les données sur le graphique par souci de manque de place.

 

Pour chaque trimestre il a compté le nombre de mariages dans la paroisse de Beau fort. Ensuite pour les décès et sépultures, il a compté par trimestre, et cette donnée est représentée par la courbe de décès.

Pour construire la courbe des conception, Lebrun utilise la date de baptême en comptant neuf mois au par avant et obtient ainsi les dates de conception des enfants baptisés. Elle est plus révélatrice du point de vue démographique. Grâce à ce graphique, on peut voir quels sont exactement les particularités d'une crise démographique.

La première manifestation d'une crise démographique, est qu'on assiste à une augmentation spectaculaire du nombre de décès. On se rend compte qu'en 1661 en moins d'un an le nombre de décès passe de 60, 70 décès par trimestre à plus de 350 décès par trimestre, ils sont multipliés par 4 voir 5. La marque de la crise démographique est surtout le moment où ce nombre de décès devient très supérieur au nombre de conceptions.

Simultanément on assiste à un effondrement de la courbe des conceptions. Elle était aux alentours de 70 conceptions par trimestre puis elle chute à moins de 20 conceptions par trimestre : divisé par 4.

Ces deux évènements sont simultanés. Car il y a moins de gens pour se reproduire vu qu'une grande partie de la population est décédée et les survivants sont trop affaiblis physiquement pour pouvoir procréer.

On assiste parallèlement à un effondrement du nombre de mariages. Ce sont les trois phénomènes qui caractérisent une crise démographique.

 

 

La crise démographique commence au 4ème trimestre 1660 et dure jusqu'à la fin du premier trimestre 1663. Le début de la crise est caractérisé par le moment où la courbe de décès passe au dessus de la courbe des conceptions.

 

 

( l'épreuve de la fin du semestre est orale, aura lieu au début du mois de janvier, 1ére semaine? Calendrier à venir. Nous serons interrogés soit en histoire médiévale soit en histoire moderne, nous saurons le jour J. 30 min de préparation, 15minutes de passage devant un des deux professeurs d'histoire et quelques petites questions sur l'autre période historique. Dates donnée fin novembre début décembre. )

 

Ces crises démographiques ont trois grandes conséquences :

 

  • Un recul marqué de la population à chacune de ses crises démographiques. Au cours des années 1661/1662 la population a baissé de 25

  • Elles entraînent une dislocation des familles, des ménages. Effectivement à l'occasion de ces crises il est fréquent que l'un des deux parents disparaisse, voir même les deux, d'où une augmentation du nombre d'orphelins. Et par ailleurs, ces crises démographiques sont souvent suivies d'une augmentation significative du nombre de mariages. On peut expliquer cette augmentation par le fait qu'elle est liée aux remariages, les veufs se remarient le plus rapidement possible, ce qui est une particularité du mariage sous l'Ancien Régime.

  • Elles désorganisent à la fois l'économie locale, et il y a une règle c'est que toute crise démographique entraîne systématiquement une crise économique.

 

 

B ) Essai d'explication.

 

En fait toutes ces crises démographiques ont trois explications principales.

 

* La première ce sont les guerres. Elles sont nombreuses à l'époque moderne et ces guerres ont touché toutes les régions d'Europe au cours de l'époque moderne. Même le Poitou et les pays Charentais ont été touchés par un conflit, ils ont été touchés par les guerres de religion dans la seconde moitié du XVIème siècle. Ce ne sont pas les combats entre soldats qui provoquent l'augmentation spectaculaire du nombre de morts. Plus que les combats, c'est le passage des soldats, les gens de guerre, qui entraîne ces crises démographiques. Les soldats ont en effet l'habitude de vivre sur l'habitant, de vivre sur le pays. Pour se nourrir ils ont l'habitude de prendre leur nourriture aux habitants de la région dans laquelle ils séjournent. Ils n'hésitent pas à s'adonner à des pillages. Ils prennent donc les récoltes des paysans, et cela a pour conséquence de désorganiser complètement l'économie d'un village.

 

  • Les famines. Ce phénomène de famine, ou disette, est très courant sous l'Ancien Régime, et il intervient généralement en trois étapes. La première est une mauvaise récolte. Cette mauvaise récolte est due à des difficultés climatiques, soit un hiver très froid que les grains gèlent en terre ( assez fréquent sous l'ancien régime ) et les étés frais et pluvieux, qu'on a l'habitude d'appeler les étés pourris. Le pire de tout c'est lorsqu'au début de l'été il y a un refroidissement et il y a de la grêle qui vont décrire les blés pas encore moissonnés, ce qui est gravîssime pour les paysans. La deuxième étape est que cette mauvaise récolte entraîne un phénomène de hausse des prix du blé et du pain. Il y a moins de blé disponible pour une population équivalente, le phénomène de hausse des prix s'appelle le phénomène de cherté. Il est le plus fort juste avant la récolte suivante, au mois de mois de Mai de l'année suivante. Cette période de l'année s'appelle la période de soudure et c'est durant cette période que les prix flambent, le prix du pain ou du blé pouvant être multiplié par dix pendant plusieurs semaines.

    La troisième étape et finalité est une grande paupérisation de la population. Les premiers à mourir de faim sont les populations les plus démunies qui sont les plus petits paysans et dans ce contexte de misère il est fréquent de voir les familles les plus pauvres aller tenter leur chance dans les villes. Mais ils vont quand même y mourir de faim.

 

  • Les épidémies. Elles sont très diverses. C'est toutes les maladies contagieuses que l'on ne soignait à l'époque que par des saignées. Elles frappent surtout au cours de l'automne et au début du Printemps. Les épidémies les plus redoutées sont sous l'Ancien Régime le tifus, la variole ( à l'époque elle est appelée la petite vérole. Un roi de France en est mort, c'est Louis XV en 1774. ), la dysenterie et évidemment la plus redoutée et la plus redoutable qui est la peste, une malade extrêmement contagieuse, véhiculée à la fois par les rats et les hommes. Lorsqu'elle sévit, c'est entre le quart et le tiers de la moitié de la population qui disparait. La dernière épidémie de la peste a eu lieu à Marseille entre 1720 et 1722. Elle est arrivée par un bateau de l'empire Ottoman. Pour éviter que la peste ne se diffuse au reste du territoire on a complètement isolé la ville en construisant des murs autour de la ville afin de concentrer la maladie dans la ville et que la maladie ne se propage pas. On avait très peur de ce genre de maladies, et l'isolation était le seul moyen pour éviter la propagation d'une maladie. Toutes ces épidémies sont diffusées sous l'Ancien régime par différents types de population. Ceux sont les marchands, les gens de guerre, les vagabonds.

 

Parfois ces trois causes de mortalité se cumulent et dans ce cas de figure ce n'est plus une crise démographique mais une véritable catastrophe démographique.

 

 

C ) Deux exemples de crises démographiques

 

Le premier exemple que nous allons examiner est celui du Saint Empire Romain Germanique pendant la première moitié du XVIIème siècle. Tout d'abord, il y a plusieurs séries de malheurs qui se produisent. On constate un refroidissement assez significatif du climat en Europe centrale. En moyenne les températures sont d'un ou deux degrés inférieures à la normale. Ce refroidissement a pour conséquence une plus grande fréquence des hivers froids et des étés pourris, ce qui entraîne une plus grande fréquence des mauvaises récoltes, et donc cherté, et donc famine. Ces dernières reviennent régulièrement, tous les 2, 3 ans.

La deuxième série de malheurs est une succession de conflits. La guerre de trente ans frappe l'Empire entre 1618 et 1648. Cela signifie que pendant trente ans sur tout le territoire vont passer des gens de guerre qui vont vivre sur les populations, piller les récoltes déjà très faibles des paysans. Par leur présence ils provoquent une succession de crises démographiques.

Et enfin une troisième série de malheurs, caractérisée par des épidémies, véhiculées par les gens de guerre et les populations les plus pauvres qui se déplacent en espérant trouver des endroits où survivre. Parmi ces épidémies, il y a une succession d'épidémies de peste.

Le bilan global est que deux tiers de la population du Saint Empire romain germanique disparaissent du fait de ces facteurs. C'est le cas en particulier de la Poméranie où plus de 66% de la population a disparu, la Silésie, et la région du Palatinat.

 

L'exemple français, plus précisément la France entre 1693 et 1694. On est pourtant sous le règne de Louis XIV. La situation dans cette France du milieu du règne personnel de Louis XIV. Au milieu des années 1690, la France connaît une succession de mauvaises récoltes. En 1690, la récolte en céréales est déjà médiocre. L'année suivante, en 1691, la récolte est à nouveau plutôt médiocre. En 1692, il y a une récolte catastrophique avec un été plus que pourri. Il était tellement froid que les blés n'arrivaient pas à murir et il a fallu attendre le milieu du mois de Septembre pour faire la moisson alors qu'elle est habituellement réalisée en mi-Juillet. En 1693, l'été est encore plus que pourri et les récoltes sont excessivement tardives.

C'est également une période d'épidémies. Ce sont des maladies infectieuses pulmonaires ( aujourd'hui on dirait des grippes ) mais qui font des ravages du fait des mauvaises récoltes car les français sont très affaiblis par la famine.

Au cours de cette période, la France est en guerre. La guerre est celle de la ligue d'Ogsbourg, commencée en 1688 et dure jusque 1697 et pendant cette guerre Louis XIV décide, pour continuer à mener sa guerre dans de bonnes conditions, d'augmenter les impôts de façon à financer l'effort de guerre.

Le bilan est qu'en deux ans, entre 1693 et 1694, il y a eu un surplus de morts de l'ordre de 1,5 millions d'habitants. ( La guerre de 1914/1918 a elle fait 1,3 millions de morts. ) La population de l'époque était de l'ordre de 20 millions d'habitants. La population de la France, à la veille de la Première guerre mondiale était de 40 millions d'habitants. De plus la crise démographique a duré plus de deux fois moins longtemps que la , elle est au moins quatre fois plus important en terme de mortalité que la guerre de 1914/1918. C'est la plus grande crise démographique qu'ait connu la France sous l'ancien Régime. Elle a été étudiée par Marcel LACHIVER, Les années de misère : la famine au temps du Grand Roi 1680 – 1720, Paris, 1991.

 

En conclusion du second chapitre, nous pouvons retenir trois idées.

 

  • L'Europe est un continent peuplé. C'est d'ailleurs l'un des trois grands foyers de population dans le monde.

  • Le système démographique européen apparaît comme fragile, en fait il est assez exubérant, avec notamment des taux de natalité et des taux de mortalité très élevés. Et puis surtout, avec régulièrement des flambées de mortalité.

  • Les crises démographiques font partie des événements auquel sont confrontés les européens à l'époque moderne. Tout européen a connu au cours de son existence, au moins une crise démographique voir plusieurs s'il vient d'un milieu. Et véritablement la mort fait partie de l'univers quotidien des européens. Cela a des conséquences sur la manière de raisonner des européens. Ceci est traduit par une très forte hausse de la croyance en Dieu. La religion est la seule à bénéficier de la très forte mortalité de l'ancien Régime

 

Sujets à travailler pour les épreuves d'examen :

  • Les caractéristiques du système démographique européen à l'époque Moderne

  • Qu'est ce qu'une crise démographique sous l'ancien Régime? Graphique à connaître par coeur. 

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